La solitude de ceux qui partent

« Partir c’est mourir un peu ». Edmond Marie Félix Haraucourt.
Un peu. Un peu. Je refuse ce destin funeste et je m’engage à faire apparaître du soleil au fil des lignes qui suivent.

Pour contextualiser, j’avais vu il y a quelques semaines un appel à l’aide d’un camerounais. Il avait publié sur son compte twitter un thread (que je n’ai pas pu retrouver) sur la solitude des étudiants et des personnes étrangères dans un pays qui n’est pas le leur. J’avais déjà parlé de la dualité entre le fait d’être ici et celui de vouloir être à jour sur tout ce qui se passe dans notre pays d’origine. Ce que je n’avais pas encore évoqué, c’est le sentiment de solitude dans cette nouvelle vie.

En quelques points, je partage mon analyse et mes solutions face à ce mal qui ronge des générations d’immigrants.

Les 1ers jours ou la phase lune de miel – savoir que sa durée est limitée

Quand on arrive dans un nouvel environnement, dans les meilleures circonstances je précise, il ya cette excitation qui ne nous quitte pas. Comme dans magasin de bonbons, les yeux brillent, on a soif de découvertes. Nos proches ou amis sur place jouent les guides touristiques.
Dans un premier temps, cela leur fera plaisir de partager leurs expériences. Cependant, ils ont aussi une vie en cours et des routines à respecter. Il ne faut donc pas mal le prendre si, très vite, vous devez vous retrouver seule, pour des démarches ou autres activités. Néanmoins, la plupart du temps, ils resteront disponible par téléphone ou email. Il faut s’y faire assez rapidement.

Créer des cercles ou trouver un entourage du soutien en dehors de vos proches (au cas où ces derniers ne sont pas disponible)

Pour ne pas se retrouver dans une situation où notre temps libre ne peut être qu’avec le mêmes personnes, il faut nouer de nouvelles relations. Plus facile à dire qu’à faire c’est vrai. Il faut avoir le courage d’aller vers les autres et accepter qu’il y aura parfois du rejet. Ne renoncez pas pour autant dans cette quête. Vous finirez par tomber sur les bonnes personnes.

Oubliez l’expression « no new friend ». Les amis peuvent être « compartimenté ». Par exemple un tel aime bien aller au musée, un autre est passionné de jeu comme vous, un autre fait partie de votre club de lecture etc… Pas besoin d’être ensemble H24. Par contre ces mêmes amis peuvent devenir, avec le temps, des proches à qui confier vos enfants ou demander de l’aide dans des situations d’urgence. Le temps vous dira si c’est possible que la simple amitié évolue.

Dites la vérité à vos proches ou amis

N’ayez pas honte de vous sentir seul, et, d’en parler. Surtout à ceux qui idéalisent votre situation. Encore une fois ce n’est pas parce qu’on est parti qu’on vit sa meilleure vie tous les jours. Evoquez le sujet, aussi bien avec des personnes du pays d’accueil, du pays d’origine que des personnes immigrées/étrangères comme vous. Il arrive que la situation soit insoutenable. A ce moment là, n’ayez pas honte de changer vos plans. Repartir au pays, essayer une nouvelle destination, changer de ville etc. A la fin de la journée, il s’agit de votre vie.

Restez occupé
L’ennui, le chômage et l’isolation géographique font sombrer dans la solitude assez vite. S’intéresser à ce qui se passe autour de nous, identifier les organismes qui peuvent aider, faire du bénévolat sont entre autres des moyens d’occuper nos pensées.

Oubliez le mythe du self made

Personne ne s’est fait seul. Le soutien qu’on espère vient parfois de parfaits inconnus. C’est une réalité avec laquelle il faut vivre. Ce qui compte, au final, c’est de trouver des réponses à nos besoins.

Etre indulgent.e envers soi même

 

Cela fait 4 ans que je vis au Canada, après 11 ans au Sénégal. Ce que je constate, c’est qu’iI n’ya pas de situation linéaire. Il ya des jours où le soleil, la plage et tant de personnes me manquent. Il ya des jours où je ne me sens pas dutout nostalgique.
En quelques mots, voici comment se résume ma démarche :

  • Accepter que mes émotions varient.

  • Etre indulgente envers moi même.

  • Mettre en place les différentes techniques de survie citées plus haut…

    Partir c’est mourir un peu et apprendre à vivre autrement.


    Quelques ressources pour compléter cette réflexion

    • La série « Never Have I ever » sur Netflix qui suit une famille d’origine indienne dont la mère veuve vit la solitude et l’absence de « support system » pour éduquer sa fille.
    • Le podcast de Befoune sur les amitiés qui parle aussi du fait de savoir compartimenter ses relations amicales
    • Le livre « Year of Yes » de Shonda Rhimes où elle évoque entre autres l’importance de savoir demander de l’aide et accepter qu’on ne peut pas tout faire, toute seule.                        

Playlist

Alicia Keys feat Sampha – 3 hours drive

Goldee – chaque jour

Master KG – Jerusalema [Feat. Nomcebo]

Téclaire

Auteur : Téclaire

Passionnée d'écriture, de conversations autour des femmes, de projets créatifs et de podcasts, j’ai porté plusieurs casquettes autour de ces thématiques. Après une enfance au Cameroun, une décennie au Sénégal, je vis avec ma petite famille, depuis 5 ans déjà au Canada.

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